Chroniques

LA PLUME DU FAUCON

Vous trouverez ici plusieurs articles traitant principalement des tendances sociales reliées à la vie de couple. M. Leblanc est chroniqueur pour divers journaux et magazines et son style d’écriture a beaucoup fait parler de lui. Sujets chauds, saupoudrés d’humour, il aura bonne plume pour chacun des lecteurs.

CHRONIQUE
Est-ce que je suis amoureuse ? Ou est-ce que ce n’est que de l’attirance… par Christelle  (publiée le 25 novembre 2016)
En amour, nous nous heurtons régulièrement à de terribles désillusions. Une promesse non tenue, un attachement qui ne s’avère pas réciproque, on se dit que l’amour est bien cruel, alors que nous étions prêtes à donner corps et âme pour le vivre.
Mais si finalement, ces heurts réguliers ne venaient pas de notre mauvaise perception de ce qu’est « l’amour » ? Est-ce que cet amour ne serait pas plutôt du simple désir ?
Quelle est la nuance entre amour véritable et excitation des premiers instants ?
Et surtout, que voulons-nous véritablement ?

 
La grande majorité d’entre nous n’a pas envie de comprendre l’amour. Il s’agit d’un sentiment que l’on ressent, ou non. Un fait qui ne s’explique pas ni ne se contrôle.
À ce vaste mot qu’est l’amour, nous y transposons tout et son contraire, sans chercher à dissocier les différentes formes auxquelles nous sommes confrontées.
Nous préférons le qualifier d’irrationnel, car s’aventurer à l’intellectualiser, c’est risquer de tempérer la flamme qui nous anime, altérer la beauté des sentiments que nous éprouvons.  
Nous préférons le savoir hors de notre portée afin de faciliter les choses.
Mais la raison nous aide parfois à voir à travers cette tempête de sentiments inattendue. Elle nous met à l’abri des désillusions qui nous guettent.
En effet, nos attentes, nos envies, nos projections devraient s’articuler autour du degré d’affection que nous portons à l’autre. Or, la confusion règne lorsqu’il faut différencier le véritable attachement d’un penchant passager.
Et pourtant, si un lien entre les deux est indéniable, la dissemblance reste notable.

Attirance VS Amour

L’attirance repose sur une combinaison de raisons biologiques et une bonne pincée de projections. L’amour quant à lui se confirme en découvrant petit à petit ce que l’autre est vraiment.
L’attirance survient sans prévenir, de manière relativement soudaine. Et bien souvent, nous n’avons rien fait pour que celle-ci arrive. À l’inverse, l’amour ne tombe pas du ciel et construit ses fondations avec le temps. Il se développe en quelque chose de sérieux parce que nous avons choisi de faire passer le bonheur de l’autre avant le nôtre. Il nous a peut-être même demandé un effort, celui d’aimer les défauts de l’autre.
L’amour ne peut donc pas être immédiat, tout bonnement parce que vous ne pouvez pas aimer quelqu’un que vous ne connaissez pas. Quand bien même vous en avez l’impression.
Mais dès lors que l’amour est présent, vous pouvez choisir, à une certaine échelle, de vous investir ou non. À l’inverse de l’attirance, ou finalement nous sommes globalement passifs face à lui.
Grâce à ce facteur, l’amour est quelque chose de solide, parce que nous avons décidé de le rendre solide. Contrairement à l’attirance, finalement fragile et trop dépendante des stimulations.
Toutefois, amour ou attirance, chacun d’eux naît d’un accident. Si l’amour se contrôle en partie grâce à notre investissement (ou notre absence d’investissement), il garde une part d’imprévu : nous n’avons pas choisi de tomber amoureuses. Cet homme a croisé notre route « sans nous le demander ».

Pourquoi faire la différence ?

Confondre amour et attirance est dangereux.
Prendre l’attirance pour de l’amour, soit une simple sensation qui arrive sans prévenir et qui est relativement incontrôlable, c’est prendre le risque de rejeter l’autre une fois que cette « sensation » disparaît. Généralement, au profit d’une autre personne qui nous fait de nouveau éprouver ce sentiment.
Prendre l’attirance pour de l’amour, c’est finalement subir ses émotions et être en quête d’un idéal qui n’existe peut-être pas.
Prendre de l’attirance pour de l’attirance, c’est savoir que ce cocktail aphrodisiaque s’atténue avec le temps, pour faire éventuellement place à autre chose, pas forcément plus déplaisant.
C’est aussi découvrir qu’on a le choix lorsqu’arrive l’étape charnière : après l’excitation des débuts, le jeu en vaut-il encore la chandelle ?
Prendre l’amour pour de l’amour, c’est avoir conscience que celui-ci ne rend pas si aveugle que ça, et que d’autres personnes seront amenées à nous plaire. C’est avoir conscience qu’elles auraient même pu vraiment nous correspondre. Et c’est malgré tout, ne vouloir personne d’autre que celui que nous aimons, parce qu’il nous comble (ou peut potentiellement le faire).

L’amalgame a de beaux jours devant lui

Nous ne sommes pas plus cruelles, plus bêtes ou moins sentimentales qu’avant. Et pourtant, nous avons tendance à privilégier l’attirance à l’amour, tout en confondant les deux.
Avec l’abondance de possibilités que nous offrent les applications amoureuses (mais aussi les grandes villes pour celles qui y habitent), il n’est pas rare que les couples ne dépassent pas le stade de l’excitation des débuts.
Si à l’époque, nos grands-mères tentaient le tout pour le tout pour sauver leur mariage d’un potentiel affront qu’était le divorce, avec la libéralisation des mœurs, la relation doit dorénavant être parfaite dès le début.
Une sorte de « tout ou rien » où aucun pépin, ou presque, n’est toléré. L’offre est tellement alléchante ailleurs, alors pourquoi « se châtier » à faire des efforts et des sacrifices ?
L’amour n’est plus vu comme quelque chose qui se construit, mais plutôt comme quelque chose qui est là, ou qui ne l’est pas.
Et c’est là que réside le problème. Vous avez le droit de privilégier les bienfaits de l’attirance aux méfaits de l’amour. Mais vous ne pouvez pas attraper une mouche avec du vinaigre.
Si vous cherchez l’amour, vous ne pourrez pas le trouver en réfléchissant uniquement en termes d’attirance. Et il faudra un jour ou l’autre sortir votre pioche pour construire cette relation.

Et si je n’étais pas faite pour l’Amour ?

Et puis d’abord, qui a dit que l’amour (tel que la société le conçoit) devait être le but d’une vie ?
Peut-être votre mère, vos livres, les journaux ou les publicités vous l’ont-ils dit. Peut-être qu’au final, vous n’avez jamais remis ces choses en question.
Derrière cette interrogation, il s’agit bien plus que de simplement se protéger de l’emballement ou des déceptions. Il s’agit d’être le maître de sa vie en ne laissant personne d’autre que vous, choisir à votre place.
Il s’agit d’apprendre à SE connaître.
Est-ce que je préfère :
• Privilégier la passion et vivre l’excitation des débuts à répétition avec des conquêtes différentes ? Quitte à ne pas vivre UNE grande histoire et devoir faire face à la pression sociale.
• Privilégier la confiance et le soutien d’un homme à vos côtés tout au long de votre vie ? Quitte à devoir perpétuellement narguer le temps pour entretenir l’attirance. Quitte à régulièrement douter lorsque l’ennui et la routine s’installent.
• Explorer d’autres formes d’amour : polyamour ou encore amour platonique.
Je vois encore trop de femmes faire le choix d’une relation monogame sur du long terme et flancher lorsque l’excitation n’est plus là.
Je vois encore trop de femmes chercher l’amour en pensant qu’il apparaîtra comme par magie à l’instar de l’attirance.
Je vois encore trop de femmes déçues parce qu’elles ont imaginé que l’attirance qui les reliait à leur target était de l’amour.
Alors que parfois, il suffirait de prendre un peu de recul pour limiter la casse.


Par: Christelle
Site: www.seduireunhomme.fr